Par un bel après-midi d'automne, j'ai fait le choix d'aller découvrir les riches collections médiévales et Renaissance exposées au Musée de l'Oeuvre Notre-Dame à Strasbourg.
Situé à côté de la Cathédrale de Strasbourg, l'Oeuvre Notre-Dame a été créé au Moyen Âge. A cette époque, son rôle était de collecter et de gérer les fonds nécessaires à la reconstruction et à l'entretien de la cathédrale romane dont il ne restait que la crypte et l'emprise au sol.


Célèbre pour ses nombreuses collections composées de sculptures sur bois et en pierre, de tableaux, retables, tapisseries, dessins d'architecture gothiques, de vitraux provenant de la cathédrale de Strasbourg mais aussi d'églises de la région, le Musée de l'Oeuvre Notre-Dame mérite que l'on lui accorde un peu temps. Pour ma part, ma flânerie a duré un peu plus de deux heures.
Voici quelques photographies des oeuvres que j'ai pu découvrir et contempler durant cette agréable promenade dans le musée.
Les vitraux
Plusieurs vitraux proviennent d'églises strasbourgeoises ayant été détruites ou fortement transformées.


Ce vitrail est très ancien, il a plus de 800 ans. Le visage du Christ enfant a des traits simplifiés et un regard envoûtant.

Les vitraux de l'époque romane sont rares. Par la présence des forêts de sable et d'eau en quantité suffisante, l'Alsace a été une terre privilégiée pour le développement de l'art du vitrail.


La fin du Moyen Âge
Les vitraux strasbourgeois du 15ème siècle
La fin du 15ème siècle est marquée à Strasbourg par le développement de l'art du vitrail et son rayonnement jusqu'aux confins de l'Empire germanique.
La production est dominée par Peter Hemmel d'Andlau, maître-verrier à Strasbourg entre 1447 et 1505.




Au Moyen Âge, La richesse des couleurs des vitraux véhiculaient des significations spécifiques et renforçaient le message spirituel des images.
Les techniques médiévales impliquaient la fusion de sable de silice de haute qualité avec des cendres végétales et divers oxydes métalliques pour obtenir les teintes désirées. Ainsi, le cobalt produisait le bleu profond, le cuivre créait le rouge ou le vert, le fer donnait vie au jaune ou au brun.




La salle de la Loge

Conçue entre 1579 et 1582, la grande salle de réunion des maçons et tailleurs de pierre de la cathédrale, dite "salle de la Loge" est restée pratiquement dans sa configuration d'origine. Ornée de boiseries et de peintures murales, elle est surtout remarquable pour son riche décor peint du 16ème siècle, attribué à Wendel Dietterlin.
La salle sert de cadre aux sculptures de l'octogone de la grande tour ainsi que du portail Saint-Laurent de la cathédrale.

La réalisation de la Sirène correspond à la période d'activité de Hans Thoman Übiberger, architecte du buffet de l'horloge astronomique ainsi que de la salle de la loge.
Cette sirène à deux queues provient de manière certaine de la cathédrale de Strasbourg. Fortement endommagée, elle a été déposée et remplacée par une copie sur l'édifice dans la première moitié du 20ème siècle.

Le chantier de la cathédrale de Strasbourg a produit au cours du 13ème siècle des sculptures parmi les plus exceptionnelles du monde médiéval. La plupart se trouvent réunies au Musée de l'Oeuvre Notre-Dame et sont remplacées sur la cathédrale par des copies en grès.



Au début du 20ème siècle, de nombreuses sculptures de la cathédrale de Strasbourg ont été déposées et remplacées sur l'édifice par des copies. Les pièces originales de ces chefs-d'oeuvre de la sculpture gothique sont exposées dans la plus vaste salle du musée, dite salle du Jubé.

C'est pour les protéger contre les intempéries et la pollution que la décision a été prise au début du 20ème siècle d'enlever les sculptures de l'édifice.




Le relief se trouvait probablement à l'origine au revers du jubé de la cathédrale, construit vers 1252.
Cette sculpture était presque entièrement peinte de vives couleurs, comme une bonne partie des sculptures en grès de la cathédrale.


Le Musée de l'Oeuvre Notre-Dame conserve un ensemble de sculptures et d'éléments d'architecture originaux de la cathédrale de Strasbourg.




Certaines fenêtres romanes ou gothiques possèdent une armature en pierre taillée, sculptée et ajourée. Il est courant de rencontrer des fenêtres géminées, mais il est plus rare de retrouver un oculus (fenêtre ronde) dans l'architecture romane, gothique et Renaissance. A l'époque baroque, l'oculus devient oeil de boeuf.








Cette sculpture fut identifié comme étant le monument funéraire d'Hugues Zorn, décédé en 1321.
Max Zorn, son lointain descendant, se l'appropria et l'installa dans son château d'Osthouse (Alsace). Le Musée de l'Oeuvre Notre-Dame fit l'acquisition du gisant qu'en 1993, mais l'analyse démontra alors que les éléments d'identification (les écus avec les armoiries des Zorn) étaient des ajouts du 19ème siècle. C'est ainsi que le gisant devint dès lors anonyme.

Les fragments du monument, détruit au 17ème siècle, ont permis la reconstitution du sarcophage.
A l'intérieur de la cathédrale de Strasbourg, Maître Erwin a érigé en 1316 la chapelle de la Vierge, patronne de la Ville et de la cathédrale. Détruite en 1682, seuls subsistent des fragments de son entablement, dont l'un porte le nom d'Erwin en majuscules gothiques.
La chapelle serait l'une des dernières réalisations de Maître Erwin, dit de Steinbach (1244-1318), maître d'oeuvre de la cathédrale, mort deux ans après sa construction.

Le mythe Erwin
von Steinbach
On doit la découverte d'Erwin von Steinbach à Goethe et aux romantiques allemands, enthousiasmés par la cathédrale de Strasbourg et ses dessins d'architecte.
Maître Erwin est présenté jusqu'au 19ème siècle comme une figure mythique de l'art allemand, en tant qu'unique auteur de l'édifice. Mais cette vision est remise en cause dès la 2ème moitié du 19ème siècle par les historiens qui redécouvrent alors la chronologie de la construction. Aujourd'hui, les historiens de l'art s'accordent sur le fait qu'Erwin, mentionné à plusieurs reprises comme maître d'oeuvre, était bien architecte. Il aurait dirigé un certain nombre de chantiers dont la façade de la cathédrale jusqu'à sa mort en 1318.
Quelques objets d'art





Ces plaques d'étain, montées en diptyque, sont des documents officiels et très précieux sur lesquels sont gravés les poinçons d'orfèvre. Mieux qu'un registre d'immatriculation, ces supports servaient, pour les autorités municipales et pour la corporation des orfèvres, de table officielle et indélébile des empreintes des maîtres-orfèvres.

Ces tables sont fondamentales des pièces d'orfèvrerie d'origine strasbourgeoise et pour l'attribution à tel ou tel maître-orfèvre.


Strasbourg et le Rhin supérieur
fin du 14ème siècle
début et fin du 15ème siècle


















La collection de tableaux permet de retracer l'évolution de la peinture entre le 15ème et le 17ème siècle. Le musée expose un ensemble d'oeuvres majeures du 15ème siècle rhénan (Conrad Witz, Nicolas de Leyde, ....


Le revers de ce portrait de fiancés dissimulait à l'origine la figuration du couple après son trépas. Ce panneau, conçu pour être accroché au domicile de ses commanditaires, invitait à la méditation sur la vanité des choses terrestres "Ce que nous sommes, vous le deviendrez ...".






Une collection unique de dessins d'architecture médiévaux
Au troisième étage du Musée, on se retrouve dans deux salles qui contiennent notamment de nombreux projets liés au chantier de la cathédrale de Strasbourg. Ce fonds de dessins d'architecture est l'un des ensembles les plus importants d'Europe.

On doit à la période gothique la naissance du dessin d'architecture. À l'époque romane, la structure d'une église était suffisamment simple pour ne nécessiter qu'un tracé au sol grandeur nature : l'épure.


On attribue à Erwin de Steinbach la construction des portails occidentaux et de la grande rose. Il reste cependant difficile de déterminer l'ampleur réelle de l'apport d'Erwin. Si l'on en croit la chronologie généralement admise, il ne serait arrivé sur le chantier qu'en 1284, après le début des travaux de la façade en 1277. Il ne serait donc pas l'auteur de certains dessins du projet. Par contre il serait celui des dessins d'exécution définitifs, notamment de certains dessins de la façade.
La qualité exceptionnelle de ces dessins et d'autres réalisations de sa période d'activité, comme le monument funéraire de l'évêque Conrad de Lichtenberg, témoignent du degré de perfection atteint par les artisans du chantier de la cathédrale, qu'Erwin de Steinbach dirigeait alors depuis plus de trente ans.



Et tout le long de la visite,
aux étages supérieurs,
nous sommes accompagnés
de très jolies vues sur la cathédrale.



Une statue de Maître Erwin se trouve au niveau du portail sud du transept de la Cathédrale.

La tourelle d'escalier
du Musée
L'escalier en vis construit en 1578-1579 dessert les étages du Musée de l'Oeuvre Notre-Dame. Il constitue une prouesse de maçonnerie alliant la rigueur gothique et l'ornementation de style Renaissance.


Le jardin médiéval
Créé en 1937 par Hans Haug, rénovateur des grands musées de Strasbourg, le petit jardin médiéval s'inspire de la tradition des peintres et graveurs du 15ème siècle. On peut y accéder à partir de l'intérieur du Musée de l'Oeuvre Notre-Dame.

Déjà présents à la fin du Moyen Âge, les neuf carrés sont composés de plantes médicinales, ornementales, et aromatiques.


Une collection de dalles funéraires sont exposées sur le côté du jardin.

Placée au centre de la collection se trouve la dalle funéraire de Louis V de Lichtenberg (1471).


Bosquets, tilleul, treille, contribuent à faire de ce lieu un ravissant petit jardin.


Le porche sur le côté du Musée facilitait le passage des chariots vers la cour.

Voilà ! la promenade dans ce joli Musée de l'Oeuvre Notre-Dame de Strasbourg s'arrête ici. N'hésitez pas à vous y rendre. Vous y découvrirez de très belles collections qui témoignent du passé prestigieux de Strasbourg à travers sept siècles d'art médiéval et Renaissance.
Merci d'avoir lu cet article.
J'espère que vous avez apprécié ce partage.
Je vous dis à bientôt.

Christiane Muller
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